Encore des reproches.

Pour Lavande, ce fut une journée de travail comme les autres. Enfin pour autant que la journée de journaliste puisse être toujours la même. Oh bien sûr, le principe du métier est toujours le même : chercher l’information, faire l’enquête et/ou interview et rédiger l’article avant de l’envoyer. Les articles ne sont pas les mêmes, surtout les siens. Elle avait sa chronique et pouvait l’organiser comme elle voulait. Pour l’instant, elle n’avait pas encore trouvé de veuve, d’orphelin ou encore d’opprimer à défendre. Elle cherchait un sujet. Elle avait déjà attaqué pas mal de chose en réalité. Elle avait feuilleté les actualités à la recherche d’une idée, d’une histoire d’inégalité, d’injustice à défendre, à prendre en main, mais rien ne lui avait paru assez intéressant.

Elle avait été promenée en espérant avoir une idée dans la rue, en voyant un panneau ou un autre. Elle s’était déjà attaqué au panneau publicitaire qui réduisait les femmes et les hommes à de simple objet sexuel, encourageait les stéréotypes. Elle n’allait pas recommencer pour éviter la redondance, mais espérait trouver un indice, un nom qui entraînerait une réflexion et puis une idée. Parfois, il suffit de pas grand-chose pour trouver la grande histoire, ou l’article parfait.

Midi arrivait et elle commençait à avoir faim. Son déjeuner était resté au bureau. Elle n’avait pas envie de rentrer sans sujet. Elle n’avait pas envie de faire face à son rédacteur qui allait lui demander ce qu’elle allait pondre. De loin, elle vit le panneau de la pizzeria “Rosso Pomodoro”. Elle trouvait que c’était une bonne idée, c’était bon et pas horriblement cher. Elle rentra et allait demander une table quand elle entendit une femme faire une remontrance à une autre femme. Elle crut entendre une remarque sur la façon dont elle se tenait à table et non justifiée. Elle pinça les lèvres et se dirigea vers l’endroit qui avait attiré son attention.

- Pardon, je sais que vous me direz que je me mêle de ce qui ne me regarde pas. Je ne vous donnerai sûrement pas raison. Madame, je ne peux pas vous permettre de faire ce genre de commentaire auprès de votre amie qui que ce soit. Certes, nous pouvons tenir compte de certaine convention sociale. Mais, elle n’est pas avachie sur la table en ce moment. Elle a probablement une raison de ne pas être dans la bienséance que vous espérez. Demandez lui plutôt ce qui ne va pas.

Même si elle était loin de s’intéresser au détail profond du pourquoi du comment. Elle trouvait inimaginable que si les deux femmes mangent ensemble, il n’y a pas un minimum d’intérêt. Elle ne perdit pas plus de temps et retourna se chercher une table pour manger. Elle était venue parce qu’elle avait fait à l’origine. Oh tiens, cela lui donnait une idée d’article sur l’égalité et le fait que les hommes ne sont pas le seul à faire des remarques déplacées.

Codage par Libella sur Graphiorum

Parfois Lavande avait l’idée de tenter de combler un brin le fossé, peut-être même le grand Canyon entre eux deux. Elle avait donc proposé à son frère de venir manger avec elle. Elle n’était pas naïve sur cette possibilité, elle savait que ce serait probablement ennuyant. Cela faisait partie de son combat. Ou plus exactement d’un de ses multiples combats. Même si elle ne supportait pas ses états d’âmes inutiles, du moins selon elle et ses connaissances.

Évidemment, lorsqu’il lui parla c’était encore pour des reproches. Elle s’en doutait, bien sur, comme elle en aurait pu se douter, c’était sur les remarques qu’elle avait fait à l’une des jeunes femmes. Elle leva les yeux au ciel en s’essayant, il était bien mal placer pour faire des commentaires.

- T’es bien placé pour dire ça. Tu sais bien que ce n’est pas une trace de rouge à lèvre qui me met hors de moi ! C’est vraiment n’importe quoi. Tu sais que je préfère défendre la veuve et l’orphelin, je ne supporte aucune sorte de maltraitance non plus. Et cela en avait tout l’air. En tant qu’homme tu ferais bien de réagir à ce genre de chose ! Je ne m’attaquerais jamais à l’innocent ! C’est bien contraire à mes valeurs !

Le genre de commentaire que venait de faire son beau-frère l’exaspérait toujours au plus haut point. Comme si elle allait s’attaquer à des personnes pour une chose aussi futile que des traces de rouge à lèvre sur un verre. C’était bien loin d’être son genre. Il devait pourtant bien savoir qu’il tentait de sauver les autres, d’aider et pas de faire des commentaires du genre. En plus, elle n’avais adresser sa verve qu’à l’une des deux, pas à l’autre. Elle regrettait bien l’idée de ce dîner à cet instant. Parfois, elle aimerais un peu plus le soutien de sa famille dans ses combats, pas tous mais devant certaines inégalités et injustices qu’ils pouvaient constatés. Elle ne voulait pas non plus se battre contre eux pour leur imposer cette idée.

Elle se contenta de commender un simple cola, elle n’avais soudainement plus envie de prendre des nouvelles de Thomas. Elle se contenta d’observer la carte un instant avant de lever les yeux vers lui. Elle pinça les lèvres, l’observant attentivement, cherchant un indice relevant son état de santé ou bien mental. Peut-être finirait-il par briser le silence. Elle n’avait cependant pas beaucoup d’espoir sur le principe.

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